Le vol AF447 ne répondra donc plus. On dirait un titre d'album de Tintin et pourtant. Le Diable n'est pas doué pour les sanglots mais je voulais quand même dédier ces quelques mots aux navigants et à leurs proches. Au delà du terrible et infini réconfort de voir Diablotin s'ébattre à la maison, les ailes sagement repliées en train de préparer nos futures vacances, au delà du refus de se faire peur sur les funestes hasards d'un planning de vol, j'adresse une affectueuse pensée à toutes ces créatures ailées qu'il me donne l'occasion de croiser, le temps d'une escale, le temps d'un vol, le temps d'un souffle. Le vent du destin s'est abattu sur douze d'entre vous, peut-être nous connaissions nous seulement de vue, peut-être pas. Aucun de nos intimes ailés n'étaient au dessus de l'Atlantique cette nuit là. Mais combien je me sens proche de vos familles et de vos amis que mordent cruellement les douleurs du vide et de l'absence depuis ces heures d'orage. Combien je sais les difficultés de vos métiers, sous les images d'Epinal. Combien j'aime votre légèreté et votre envie de vivre au dessus des laideurs du monde. Combien je sais les fatigues, les nuits d'hôtel "lost in translation" et les jet-lags des retours à Paris. Combien j'aime cette adolescence éternelle qui tutoie les nuages, et cette fulgurance chaleureuse que vous vous créez à chaque rencontre à 10 000 pieds. A vous, très sincèrement.
J'en profite aussi pour remercier tous les auteurs de ces sms, messages et mails inquiets pour Diablotin. Nous avons répondu à tous hier. Il est là et me sourit. Je refuse de jouer à "et si...", il mérite mieux. Nous décollons vendredi, la vie nous attend.