lundi 16 mars 2009

My shadows ou les pouvoirs occultes du Paic Citron



Oui, je vais vous raconter ce soir comment une bouteille de liquide vaisselle peut déchaîner les forces obscures. Ce titre alambiqué est surtout un prétexte pour vous coller The Rasmus dans les oreilles mais croyez le ou non, ce flacon détergent a un jour déclenché la frousse du Diable. J'ai longtemps vu aux temps anciens mon goût des diablotins sous un jour nyctalope (ce n'est pas une insulte). Mortel de jour, Diable de nuit, je ne me concevais pas autrement. Le fait de sortir cornes au vent en pleine lumière n'était tout simplement pas imaginable. C'est au bout de quelques rencontres que l'une de mes conquêtes me proposa un dîner entre sweet hommes. J'acceptai, enthousiaste. Cela nous fut fatal. Le repas était soigné et la mise en scène étudiée, ma conquête faisant partie de ces diables chez qui un chemin de table raté ou un nouveau plié de serviette constituent un Mai 68 domestique. Je sentais bien un frisson diffus me parcourir la toison de temps en temps mais je n'y pris pas garde. C'est à la fin du repas que mon hôte commit l'irréparable en brandissant innocemment son Paic Citron pour libérer un peu la cuisine de la vaisselle accumulée. L'angoisse me sauta à la gorge comme un lapin crétin. Les images de couples en petit tablier me submergeaient tandis que les vocalises de Zaza Napoli me tintaient aux oreilles. Ainsi, être Diable n'était pas qu'une malédiction romantique, vécue dans l'ombre, le souffle coupé sur une épaule de cuir. Être Diable, c'était aussi une bouteille de Paic à partager. Terrassé par ce que je ne pus voir que comme une caricature, je plantai là ma pauvre conquête qui m'entendit claquer la porte sans un mot d'explication, avec dans sa main l'élixir aux protéines qui en préservaient la douceur.

Cet épisode assez risible semblera de la science-fiction à ceux qui sont nés, la cuillère du PACS en bouche. Mais c'est bien cette nuit là que je compris combien je me mentais en croyant que ma nature de Diable était cessible du reste de ma personne, un élément parmi d'autres. Pour passer du PAIC au PACS encore dans les limbes, je devrai accepter que tout mon être était irrigué par cette réalité et que les frontières entre l'aube et le crépuscule, entre le privé et le public, étaient complètement illusoires.

samedi 14 mars 2009

Amours mécaniques


Lorsque je consommais du mortel comme d'autres le gin tonic, il se trouve que mes joujous étaient souvent fort bien pourvus ... côté portefeuille, à quoi pensiez-vous donc ? Ce n'était pas un choix délibéré, non que je m'en cacherais, c'était surtout en rapport avec mes lieux de braconnage favoris essentiellement fréquentés par des quadras à l'abri du besoin. Encore étudiant, je ne pouvais pas vraiment rivaliser pécuniairement parlant. Bon, je découvris rapidement que j'avais d'autres atouts. Je me souviens avec tendresse d'une liaison assez longue pour avoir compté. Nous l'appellerons Charles. Je le rencontrai en bord de nuit un soir de demie-lune. Le lendemain, je m'éveillais dans un immense appartement dont les fenêtres interminables donnaient sur la Concorde. Les rayons matinaux s'écrasaient légèrement sur le parquet en chêne. Il me fallut quelques minutes pour retrouver mon amant dans ce vaste espace qu'Elle déco avait forcément shooté un jour. Ce fut le début d'une aventure où pas un jour ne se passait sans un cadeau ou une surprise. J'avais bien parfois quelques scrupules mais je me laissais faire, Charles avait après tout l'air ravi d'être si prodigue, que demander de plus ? Un matin, je sortai de mon porche d'immeuble lorsque je compris tout de suite. Une belle mécanique rutilante et décapotée m'attendait sagement en clignant de l'essuie-glace.

Je n'eus pas besoin d'ouvrir la carte glissée sur le pare-brise pour y reconnaître l'ardeur de cet hidalgo qui devenait vraiment encombrante. Ce n'est pas tant le prix du jouet qui me fit le retourner au concessionnaire, je reculai surtout devant la perspective sportive d'expliquer à mes géniteurs la génération spontanée de cette belle japonaise rouge enfer aux chromes rutilants.

mercredi 11 mars 2009

Vacances en Hypocondrie



Connaissez-vous l'Hypocondrie ? C'est une charmante contrée que je visite régulièrement lors de mes vacances, avec vaccins et carnet de santé bien à jour. On a beau être Diable, on n'en tient pas moins à sa peau. La frontière d'Hypocondrie se traverse sans vraiment s'en rendre compte, pas de formalité de douanes ni de visa, un simple bobo suffit et la crise nationaliste se déclenche toute seule. Argh, non seulement je vais mourir (oui je sais comme tout le monde mais bon sang, je suis le Diable) mais en plus dans d'atroces souffrances (oui, il faut du théatral, du grandiose, des amis éplorés). Inutile de m'abreuver de rationnel (allons, un Diable, c'est immortel), Hypocondrie m'accueille dans un grand élan d'immigration choisie. Je fais alors régner la culpabilité et la terreur dans un rayon d'environ cinquante mètres autour de moi. Mon pauvre diablotin connait toutes les pharmacies, infirmeries ou urgences du globe. Il sait nommer toutes les maladies rares en anglais, grec ou japonais. Je suis mort bien des fois, de causes fort diverses mais toujours spectaculaires. Chikungunya vengeur ou méningite fulgurante ne sont que deux tampons dans une longue liste sur mon passeport. Ces voyages qui n'ont rien d'un long fleuve tranquille pour mon entourage surgissent bizarrement surtout en congés. A Paris, ils restent intérieurs et je maîtrise, seul, tant bien que mal, mes tsunamis d'angoisse. On pourrait croire que je me ruine en médecins. Il n'en est rien. Là encore, la pensée magique me persuade que si on ne va pas consulter, logiquement rien de définitif ne vous arrive.

Lorsque je dois vraiment aller voir ces bourreaux, je décris les symptômes, même faux ou incomplets, qui vont leur permettre de me rassurer (aidé le cas échéant par mes recherches sur le web qui est un vrai Club Med pour hypocondriaques). Cela fonctionne une ou deux heures puis je me rappelle que j'ai menti à cet imbécile au caducée ... argh, je vais mourir encore. Le ridicule n'a jamais tué ? En êtes vous si sûrs ?

lundi 9 mars 2009

Un esprit ceint dans un corset


J'ai déjà disserté sur le sport, ses joies viriles et ses sources éternelles de bonnes résolutions trimestrielles. Une amie bien intentionnée à même réussi récemment à me faire faire le pitre sur une Oui-feet avec objectif de perte pondérale affiché en grosses lettres qui clignotent sur écran et postures de yoga grotesques à pratiquer dans le vide. Me faire ça devant mon diablotin ! La marque au Oui serait mieux inspirée de proposer à la vente un WiiJa. Vous connaissez cette plaquette mobile qui permet aux esprits libres de s'exprimer ? Je suis sûr que sa déclinaison en version playmote serait un vrai succès. Au delà du vil marketing, l'esprit sportif alimente en particulier beaucoup les conversations du lundi ou plus généralement des jours d'après match chez les mortels. Il me revient une scène de machine à café du temps où j'exerçais mes talents professionnels (si, si) dans une direction commerciale. Deux commerciaux devisaient gentiment alors que j'hésitais depuis cinq minutes entre un 2 ou un 4 sans sucre. C'est une phrase qui déclencha tout : "tu as vu le rugby samedi, c'était viril", et l'autre de répondre que ce n'était pas un sport pour les diables.

C'est comme si le jus du café s'était arrêté de couler, une faille d'espace-temps qui s'emplit d'un coup de toute la bêtise du monde. Je levai les cornes pour demander ce qu'était un sport pour les diables ... point de croix et hockey ? boxe en talons aiguilles ? patinage sur formule un ? Tandis que l'un des mortels bredouillait, l'autre se rachetait en passant par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Attendri par cet acte de militant rainbow à l'insu de son plein gré, je laissais ces esprits ceints et corsetés méditer ma sortie, en me retirant comme un prince des ténèbres. Ha mais !

samedi 7 mars 2009

Journée de la bonne copine


Je rends ici hommage à toutes ces filles que je n'ai pas aimées avant. Elles furent forcément les premières que je mettais dans la confidence de ma diablerie. Souvent, soeur ou amie, simple fée ou ombre maternelle, elles ignoraient combien ce flot continu de paroles m'était si nécessaire, souffle presque vital. Me raconter, me redire, me détailler, l'ego du Diable les attirait comme un trou noir. Certaines en tombèrent même amoureuses, me forçant à m'expliquer, encore moi et moi. J'espère seulement que cette vague verbale à sens unique ne vous a pas trop noyées les filles. Hommage à vos courages, à vos combats, à cette moitié d'humanité dont, parfois, je partage les rêves. Orage à vos faiblesses, à vos larmes si faciles, à cette moitié de nous qui ne réveille en moi aucune ardeur. J'éprouve parfois ce sentiment bizarre de vous croiser sans vous voir vraiment, trop occupé avec l'autre moitié peut-être.

Etrange cette journée de la femme qui sonne comme une affection honteuse. Ne songer à vous qu'une fois dans l'année ? Allons, vous occupez mes pensées bien plus souvent. Qu'elles ne soient pas coquines ne les rend pas moins ardentes que diable.

jeudi 5 mars 2009

Le Diable au corps


Comme j'ai constaté qu'il n'y a que ça qui vous intéresse (ne mentez pas, j'ai les chiffres) et que je suis prêt à toutes les compromissions, voici encore du stupre et de la luxure. Chacun a ses préjugés et si les diablotins sont affublés de bien des vilenies, le Diable traine aussi son lot d'images toutes faites sur ces pauvres mortels dont l'existence hésiterait entre packs de bières/match de foot et bigoudis/migraine. En même temps, j'ai quelques excuses. Après avoir assumé ma nature sulfureuse, j'inaugurai une période plutôt active en terme de grignotages sexués. Je découvris alors que beaucoup de mes messieurs-croques portaient une trace suspecte à l'annulaire gauche et trimballaient le siège à trolls à l'arrière de la BM (oui, il fallait vraiment qu'il soit al dente pour accepter une marque française). Il m'arriva même d'entretenir un certain temps (disons quelques semaines) des semblants d'aventures avec quelques uns de ces acrobates de l'agenda. Loin de moi tout jugement sur ce mode de vie (j'ai hésité sur l'orthographe), ma largesse d'esprit est légendaire sur ces sujets. Elle fut cependant mise à l'épreuve lorsqu'un soir, après un pique-nique fort agréable en après-midi avec un certain L., je répondis innocemment à l'interphone de mon appartement. Une voix de femme plutôt pressante me répondit.

Madame L. venait ainsi défendre dans le désordre son mariage, ses enfants, sa vie, son oeuvre qu'affreux démon, je piétinais allégrement des sabots. Je n'eus guère d'arguments à formuler devant les accusations de détournement, les décibels étant très vite montés en même temps que les pleurs. Vérifiant qu'aucune caméra de M6 n'était tapie dans le couloir, je maudis L. et sa manie des post-it dans sa veste Armani et me promis de l'inviter rapidement à gérer ses problèmes. Magnanime, je gérai rapidement pour lui le choix de couper ce mauvais scenario.

mardi 3 mars 2009

Au Diable les varices


Je poursuis les vieux de ma hargne légendaire mais qu'est ce que je m'ennuierais sans eux ! Une octogénaire suédoise a oublié (!!!) toutes ses économies dans un tramway soit l'équivalent de 44 000 euros. Outre le carambolage déjà hilarant entre ces deux mots octogénaire et suédoise qui doit calmer les ardeurs de plus d'un mortel, la nouvelle montre encore une fois que je n'ai pas besoin de lever la griffe pour introduire dans vos vies ce zeste d'imprévu. Comment diable peut on oublier ses économies dans un tramway ? L'étourdie a assuré qu'elle avait réuni la somme pour aller la déposer chez son banquier. En ces temps de débandades financières, j'ai presque envie de lui dire que l'intention était déjà d'une naïveté déconcertante (y a t'il plus risqué qu'une banque en ce moment ?). Là où la candeur touche au sublime, c'est que la vieille dame doute à voix haute qu'une bonne âme lui ramène son butin. Le blanc a beau venir aux cheveux des suédoises, elles restent blondes à l'intérieur et cela leur va plutôt bien.

Non, je n'irai pas jusqu'à supposer que cet argent provenait de films suédois vantant les mérites du massage, spécialité bien connue de la contrée, même s'il me plait à penser que Mamy recyclait ses couronnes durement gagnées à la sueur de son ... front. Le blanchiment d'argent grâce à Alzheimer, il fallait y penser.