jeudi 26 février 2009

L'enfer vert kaki - épisode 4


Ainsi s'écoule le temps militaire, de routines décérébrantes en rencontres malgré tout enrichissantes. Qu'on ne s'y trompe pas, j'appréciais ces contacts qui me permettaient de me replonger dans une réalité du monde très éloignée de mes codes d'étudiant en école de commerce. Je redécouvrais que des garçons intelligents pouvaient être analphabètes (et l'inverse) et que nous pouvions discuter des heures. Un germe de conscience sociale pour le Diable ... J'étais proche d'un garçon amusant et notre amitié se scella en déclenchant à la cantine du midi une véritable émeute. C'est en arrivant à une table où était déjà installé un groupe de (très) grands blacks que je sentis l'orage poindre sous les regards. Il me suffit d'une blague salace un poil trop appuyée et la première assiette vola. Cinq ou six black panthers en furie promettaient, déjà debouts, de nous écharper. L'action se passa très vite et d'autres mortels vinrent jouer du poing sans que je comprenne vraiment pourquoi. Le chaos envahit la cantine, je réussis à m'éclipser par miracle (hé hé) avec mon compagnon de forfaiture. Nous ne fûmes même pas inquiétés les jours suivants à l'infirmerie. Les occasions de croquer du mortel ne manquaient toujours pas, du voisin de chambre qui tenait farouchement à se dévêtir sous mon nez aux confidences sur les effets d'un bromure mythique au petit déjeuner. Avec mes habits civils que je retrouvais quelques jours avant mon départ, cela ne fit qu'empirer. J'errais comme vos âmes en peine dans les couloirs quelques heures avant ma libération. Un gradé blond et épais devant sa chambre me demanda d'un air plein de reproches si j'étais réformé et si je partais en soirée.

Il parut peiné de ma réponse mais se mit à sourire quand je lui rétorquai crânement mon allergie à la poussière. Il s'engagea alors dans une incroyable liste de ses propres blessures de guerre en me dévoilant certaines des cicatrices que lui avait laissé sa vie en kaki. Au fil de ses anatomies tatouées, je levai peu à peu un sourcil en lui promettant intérieurement les feux de l'enfer s'il continuait. Mon exploration scientifique et méticuleuse de ses terres émergées ou secrètes commença en le poussant dans sa chambre d'un bras ferme. Réconcilié enfin avec la "graditude", je faillis rater le camion vert et brun qui nous ramenait vers la vie civile, presque à regret.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Ouh, là, là, j'ai trouvé une ile pour toi le diable mais pas seulement( Je peux te tutyer le Diable ?) : la Dominique, tout près de la Martinique, possède tout un tas de volcans dont l'un s'appelle le Morne au Diable et une autre Morne Diablotins... un endroit tout désigné pour toi !

YouKnowWho a dit…

Oui, bonne idée... ambiance d'enfer en ce moment lol

Lo a dit…

C'est déjà fini ? Oh non !

YouKnowWho a dit…

Les meilleures choses ont une fin Johnny même en kaki.